Au passant d'un soir

 

Emile vehaeren

 

 

Dites, quel est le pas des mille pas qui vont et passent sur les grand'routes de l'espace, dites, quel est le pas qui doucement, un soir, devant ma porte basse s'arrêtera ?

Je saisirai les mains, dans mes deux mains tendues, à cet homme qui s'en viendra du bout du monde, avec son pas ; et devant 1'ombre et ses cent flammes suspendues là-haut, au firmament, nous nous tairons longtemps laissant agir le bienveillant silence pour apaiser l'émoi et la double cadence de nos deux coeurs battants...

 

 Emile Verhaeren