République centrafricaine : Sœur Inès Nieves Sancho

 

 

 

Sœur Inès Nieves Sancho, missionnaire âgée de 77 ans, a été sauvagement assassinée aux premières heures du 20 mai 2019. Son corps mutilé a été découvert plus tard dans le village de Nola, dans le diocèse de Berberati, dans l’ouest du pays. 

Ses assassins se sont introduits dans sa chambre, l’ont enlevée et l’ont emmenée à l’endroit où elle donnait des cours de couture aux filles et aux jeunes femmes pour les aider à se faire un avenir meilleur. C’est là que les hommes l’ont décapitée. Il se pourrait que ce meurtre soit lié au trafic d’organes humains et à la sorcellerie rituelle. En effet, celle-ci est devenue de plus en plus fréquente et brutale, depuis que le pays a sombré dans la guerre, dominée par la guérilla extrémiste. 

Originaire de Burgos en Espagne, Sœur Inès vivait dans une petite communauté de la Congrégation des Filles de Jésus de Massac (Tarn). Elle effectuait des missions en Afrique depuis plus de vingt ans. 

 

   

Action de l'AED : Ailleurs en Centrafrique, d’autres religieuses continuent de consacrer leur vie aux pauvres comme l’a fait Sœur Inès. Parmi elles, les sœurs de l’Institut Saint-Joseph qui travaillent depuis 2017 pour soutenir le travail pastoral de l’Église, dans le diocèse de M’Baiki, au sud-ouest du pays. Elles se consacrent au soutien des femmes vulnérables, travaillent dans les écoles et fournissent des services pédiatriques et autres, au sein de la paroisse de l’Esprit-Saint, dans la ville de Pissa. L’AED a récemment aidé cette communauté à réparer le toit de son couvent et la plomberie de base.

 

Centrafrique : Fragile chemin vers la paix

 

Un an après les accords signés à Bangui, le 6 février 2019, entre le gouvernement et 14 groupes armés, l’AED fait le point avec l’archevêque de Bangui, le cardinal Dieudonné Nzapalainga. 

 

AED : Quel bilan pouvez-vous en faire un an après ? 

La violence a drastiquement baissé et cet accord y a contribué. Avant, tout le pays était à feu et à sang mais depuis les accords nous avons l’impression que les gens ont acquis cet objectif commun de la paix. Maintenant il faut faire encore plus pour que la violence cesse complètement. 

Que reste-il encore à faire pour avancer sur cette paix ?

Notre rôle est de faire baisser la tension, de faire de la médiation, de travailler à désarmer les cœurs et les esprits pour que les gens puissent vivre la fraternité. Il faut travailler sans cesse car les foyers de violence sont encore là et les ennemis de la paix aussi. 

L’Église de Centrafrique vient de fêter ses 125 ans, comment va-t-elle aujourd’hui ?

Sa force réside dans ses pasteurs et ses laïcs. Je les ai vus garder leur foi au plus fort de la crise et continuer à aller à l’église, c’est une foi qui dépasse les montagnes. L’année dernière, j’ai été à Bilao où il n’y a plus de prêtre depuis 10 ans et malgré tout, les chrétiens sont toujours là, fidèles. 

Quelle est la priorité pour l’Église ?

L’éducation car il y a encore beaucoup d’analphabètes. Or un enfant analphabète est un enfant qui court le risque d’être enrôlé par la rébellion. C’est aussi par l’éducation que les jeunes peuvent accepter le chemin de la paix. Nous leur disons que pour les chrétiens, le Christ est source de cette paix. 

Et vous, comment trouvez-vous la force d’être sans cesse un artisan de paix ? 

Ma force, elle me vient du Seigneur lui-même à qui je demande le temps pour l’oraison, la prière, sinon je reste sur un plan horizontal or c’est Lui qui me donne la force, l’énergie pour repartir. Le chrétien est celui qui porte des lunettes que les autres ne portent pas, il a les lunettes de la foi. Il est habité par l’Espérance.

Avez-vous un transmettre un message aux chrétiens d’Occident ? 

C’est le Christ qui donne la force pour changer. Parfois on est plongé dans la grisaille, dans la solitude, l’indifférence on ne sait pas sur qui s’appuyer, on n’a plus de repère… Dieu est là. Et si vous voulez que Dieu soit là, prenez le temps d’aller à sa rencontre. 

Allez aussi rencontrer les témoins, des communautés existantes, sans peur. Dieu a opéré une sortie par son Fils Jésus, nous devons aussi sortir de nos cocons pour aller à la rencontre des autres. C’est l’enjeu missionnaire qui est là ! 

Je pense que plus que jamais les chrétiens ont un rôle à jouer, ils doivent être la lumière et le sel de la terre. Il ne faut pas rêver d’être plus nombreux, les chrétiens sont un petit nombre qui doit être dynamique et déterminé, cohérent avec soi-même et les autres. Nous avons besoin de communautés vivantes et joyeuses.  

Interview réalisée par l'AED en février 2020 (retrouvez l'intégralité de l'article)