Poésie ininterrompue

  • De l'autre côté de mes heures


                 

      

    max-jacob.jpgMax Jacob

     

     

     

    Les années sont des villes dont on a fait le tour

    les jours sont des palais dont les heures sont des tours

    De l'autre côté de mes heures
    quand, écartant les météores
    et votre chevelure, ô vagues, soulevée


    le Christ enchantera mon âme nouvelle-née
    je tâtonnerai, ébloui à la porte de ton enceinte
    Vierge Sainte 

     

    Max Jacob

     

     

     

  • Le Matin Eternel

     

     

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    Marie Noël

     

     

    Alors, pour traverser la nuit 

    comme une femme

    emporte son enfant endormi 

     

    ô mon Dieu,

    tu me prendras

     

    tu m'emporteras au milieu

    du ciel splendide

    en ta demeure

     

    où peu à peu

    le matin éternel

    réveillera mon âme

     

     

    Marie Noël

     

     

     

  • Avoir tout dit

     

    Le souffle de l esprit

     

     

    Avoir tout dit

    et ne plus rien dire

     

    Accéder enfin au chant

    par le pur silence

     

    T'ouvrant là

    sans retenue

     

    A l'appel d'un geai

    aux cris des cigales

     

    au pin jailli de toi

    te brisant les entrailles

     

    Sous le ciel uni

    qu'effleure seul

    un nuage

     

    François Cheng

     

     

  • L'heure de la terre

     

    Holderlin

    Hölderlin

     

     

    L'heure de la terre est visible depuis le ciel

    Tout le jour, entourée d'une claire nuit

    Quand en haut apparaît le foisonnement des étoiles,

    Et plus proche de l'Esprit la vie ample, prolongée.

    Hölderlin

     

  • L'ange aux trompettes

     

     

     

    l-ange-aux-trompettes.jpg

     

     

    Seigneur ! guidez le souffle court qui vous cherche dans la prairie

    Vous, l’agneau frêle, et vous l’Amour,

    soyez ma force en ce séjour où l’on tremble de non-retour

    Lourd d’une terreur infinie

     

    Pitié, Seigneur ! aussi pour Vous qui nous cherchez dans la ténèbre

    Que la route, en son dernier bout, pure et droite, parmi les houx

    Dorée de lune en son décours, survolée de l’Ange aux trompettes

    Soit celle qui mène à la fête éternelle de votre Amour

     

    Luc Bérimont

     

     

     

  • A celle qui est Marie

     

     

     

    A celle qui est infiniment céleste

    parce qu'aussi elle est infiniment terrestre

     

    A celle qui est infiniment éternelle

    parce qu'aussi elle est infiniment temporelle

     

    A celle qui est infiniment au-dessus de nous

    parce qu'aussi elle est infiniment parmi nous

     

    A celle qui est Marie

    parce qu'elle est pleine de grâce

     

    A celle qui est la plus près de Dieu

    parce qu'elle est la plus près des hommes

     

    Charles Péguy

     

     

  • Seigneur, change ma guerre en ta paix

     

    Eglise st pierre de prades 66

     

    Seigneur, change ma guerre en ta paix éternelle,
    Échauffe les glaçons de mon cœur endurci,
    Et fais qu'à l'avenir je n'aie autre souci
    Qu'à suivre le sentier où ta bonté m'appelle.

    Dompte les passions de mon âme rebelle
    Et lave mon esprit de péché tout noirci,
    Dispense ta lumière à mon œil obscurci
    Et m'apprends les secrets qu'aux élus tu révèles.

    Sur toi tant seulement mon espoir j'ai fondé.
    Si grande est mon erreur, plus grande est ta bonté
    Qui ne laisse jamais celui qui te réclame.

    Purge donc mon esprit et le retire à toi,
    Lui donnant pour voler les ailes de la foi,
    Sans que l'abus du monde arrête plus mon âme.

     

    Madeleine de l'Aubespine

     

  • L'Abandon

     

    Ste therese de lisieux2

    Thérèse de Lisieux

     

     

    Il est sur cette terre

    un Arbre merveilleux

    sa racine, ô mystère !

    se trouve dans les Cieux...

     

    de cet Arbre ineffable

    l'Amour voilà le nom,

    et son fruit délectable 

    s'appelle l'Abandon.

     

    il me donne en ce monde

    un océan de paix ,

    en cette paix profonde

    je repose à jamais...

     

    seul l'Abandon me livre

    en tes bras, ô Jésus

    c'est lui qui me fait vivre

    de la vie des Elus.

     

    au-dessus des nuages

    le ciel est toujours bleu

    on touche les rivages

    où règne le Bon Dieu.

     

    j'attends en paix la gloire

    du céleste séjour

    car je trouve au Ciboire

    le doux Fruit de l'Amour !

     

    Ste Thérèse de Lisieux

     

     

     

  • Pour un regard qui s'est offert

     

    Je crois en l homme

     

     

    Je crois en l'homme, cette ordure.

    Je crois en l'homme, ce fumier,

    Ce sable mouvant, cette eau morte.

     

    Je crois en l'homme, ce tordu,

    Cette vessie de vanité.

     

    Je crois en l'homme, cette pommade,

    Ce grelot, cette plume au vent,

    Ce boute-feu, ce fouille-merde.

     

    Je crois en l'homme, ce lèche-sang.

    Malgré tout ce qu'il a pu faire

    De mortel et d'irréparable,

    Je crois en lui.

     

    Pour son vertige devant l'étoile,

    Je crois en lui

    Pour le sel de son amitié,

    Pour l'eau de ses yeux, pour son rire,

    Pour son élan et ses faiblesses.

    Je crois à tout jamais en lui

     

    Pour une main qui s'est tendue,

    Pour un regard qui s'est offert.

     

    Lucien Jacques

     

     

  • Mon Espérance est de te voir un jour

     

    Sainte face de jesus

     

     

    Vivre d'Amour, lorsque Jésus sommeille

    C'est le repos sur les flots orageux

     

    Oh ! ne crains pas, Seigneur, que je t'éveille

    J'attends en paix le rivage des cieux...

     

    La Foi bientôt déchirera son voile

    Mon Espérance est de te voir un jour

     

    La Charité enfle et pousse ma voile

    Je vis d'Amour ! ...

     

    Thérèse de Lisieux

     

     

  • Qu'un coeur battant

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                  

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    Coeur tant de fois baigné

    Dans la lumière,

    Et tant de fois noyé

    Source première.

     

    Coeur qui as tant battu,

    D'amour, d'espoir,

    Ô coeur trouveras-tu

    La paix du soir...

     

    Coeur dévoré d'amour,

    Te tairas-tu,

    Ô coeur de jour en jour

    Inentendu...

     

     

    Charles Péguy

     

     

  • Pour que tu nous disperses au vent

     

     

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    Ô Dieu,

    tu nous as créés

    par le souffle de ton Esprit

     

    nous ne sommes pas appelés

    à rester paresseusement en toi

     

    nous ne sommes pas appelés

    à nous cacher en toi

     

    nous sommes appelés

    à être ton amour

     

    pour que tu nous déverses

    au-dehors

     

    pour que tu nous disperses

    au vent

     

    pour que tu nous jettes en rafale

    aux quatre coins du monde

     

     

    Erich Przywara

     

     

     

  • Mon frère

     

     

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    Mon frère, va donc voir,

    toujours renouvelée,

     

    s'arrêter un moment 

    l'Humanité en marche,

     

    manger le Pain de Vie

    multiplié dans l'Arche,

     

    et repartir vers

    les Terres d'Eternité.

     

     

    Francis Jammes

     

     

     

  • La croix de bois

     

     

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    Les oiseaux regardaient

    le poète à genoux.

     

    Ils voyaient dans la brume

    une croix ébauchée,

     

    puis un être,

    immobile et la tête penchée.

     

    De l'homme au bois sacré

    quand les bras s'appuyaient,

     

    Quand il joignait les mains,

    les oiseaux s'enfuyaient

     

    par les chemins, sur le coteau,

    dans la ravine,

     

    Et l'homme, resté seul sous

    votre Croix divine,

     

    O Christ, l'homme ulcéré,

    le pécheur, le passant,

     

    baignait son coeur malade

    aux flots de votre sang.

     

     

    Paul Harel

     

     

     

  • Comme un rappel du ciel

                       

     

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    Un long bras timbré d'or glisse du haut des arbres

    Et commence à descendre et tinte dans les branches.

     

    Un soulier de satin court dans la clairière

    Comme un rappel du ciel qui rejoint l'horizon.

     

    Léon-Paul Fargue

     

                     

     

  • Cette douce harmonie

     

    Nd de bon secours abbaye de bellefontaine

     

     

    Je voudrais chanter, Marie, pourquoi je t'aime
    Pourquoi ton nom si doux fait tressaillir mon cœur
    Et pourquoi la pensée de ta grandeur suprême
    Ne saurait à mon âme inspirer de frayeur.


    Si je te contemplais dans ta sublime gloire
    Et surpassant l'éclat de tous les bienheureux
    Que je suis ton enfant je ne pourrais le croire
    Ô Marie, devant toi, je baisserais les yeux !...

     

    Tu nous aimes, Marie, comme Jésus nous aime
    Et tu consens pour nous à t'éloigner de Lui.
    Aimer c'est tout donner et se donner soi-même
    Tu voulus le prouver en restant notre appui.


    Le Sauveur connaissait ton immense tendresse
    Il savait les secrets de ton cœur maternel,
    Refuge des pécheurs, c'est à toi qu'Il nous laisse
    Quand Il quitte la Croix pour nous attendre au Ciel.

     

    Bientôt je l'entendrai cette douce harmonie
    Bientôt dans le beau Ciel, je vais aller te voir
    Toi qui vins me sourire au matin de ma vie
    Viens me sourire encor... Mère... voici le soir !...


    Je ne crains plus l'éclat de ta gloire suprême
    Avec toi j'ai souffert et je veux maintenant
    Chanter sur tes genoux, Marie, pourquoi je t'aime
    Et redire à jamais que je suis ton enfant !..

     

    Thérèse de Lisieux

     

     

     

  • Le bouquet sous la croix

     

     

    Un bouquet sous la croix

     

     

    D'où vient-il ce bouquet oublié sur la pierre ?
    Dans l'ombre, humide encor de rosée, ou de pleurs,
    Ce soir, est-il tombé des mains de la prière ?
    Un enfant du village a-t-il perdu ces fleurs ?


    Ce soir, fut-il laissé par quelque âme pensive
    Sous la croix où s'arrête un pauvre voyageur ?
    Est-ce d'un fils errant la mémoire naïve
    Qui d'une pâle rose y cacha la blancheur ?


    De nos mères partout nous suit l'ombre légère ;
    Partout l'amitié prie et rêve à l'amitié ;
    Le pèlerin souffrant sur la route étrangère
    Offre à Dieu ce symbole, et croit en sa pitié !

    Solitaire bouquet, ta tristesse charmante
    Semble avec tes parfums exhaler un regret.
    Peut-être es-tu promis au songe d'une amante :
    Souvent dans une fleur l'amour a son secret !

    Et moi j'ai rafraîchi les pieds de la Madone
    De lilas blancs, si chers à mon destin rêveur ;
    Et la Vierge sait bien pour qui je les lui donne :
    Elle entend la pensée au fond de notre coeur !

     

    Marceline Desbordes-Valmore

     

     

  • Nous ne sommes que poussière

     

     

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    Ô Jésus,

    Sauveur des âmes,
    Nous ne sommes que poussière
    Mais nous sommes assoiffés de votre amour.


    Ô Jésus,

    Nous sommes entourés d’un monde qui attend la Source vive.
    Nous voulons nous mettre à votre service
    En n’ayant d’autres moyens que votre bonté

    Et votre miséricorde.


    Ô Jésus,

    Vous pouvez choisir des puissants et des sages,
    Ils auront certainement des calculs et des plans.
    Nous, nous ne comptons que sur votre charité.


    Ô Jésus, du haut du Ciel,

    Jetez un regard sur vos pauvres serviteurs.
    Nous voulons être l’instrument de votre Providence

    Au service de la mission.


    Guidez nos pas,

    Enflammez nos prières,

    Transformez nos paroles

    Et nos actes.
    Pour que le monde croie et soit sauvé.
    Amen

     

     Pauline Jaricot

     

     

     

  • Le sublime est un départ


      

    Poesiedesjours116 1

     

     

    Le sublime est un départ.

     

    Quelque chose de nous, 

    qui au lieu de nous suivre,

     

     prend son écart

    et s'habitue aux cieux.

     

    La rencontre extrême

    de l'art,

     

    n'est-ce point

    l'adieu le plus doux ?

     

    Et la musique:

     

    ce dernier regard

    que nous jetons nous-mêmes

    vers nous !

     

    Rainer-Maria Rilke

     

     

     

  • Pour monter vers le Père

     

     

     

    Pour mettre dans vos pas

    mes pas trop hésitants

    s'il vous plaît, Bernadette 

    prêtez-moi vos sabots

     

     vous alliez ramasser le bois

    qui fait la flamme

    et réunit les hommes

    en les réconfortant 

     

    pour que je puisse aussi réchauffer

    ceux qui cherchent ou sourire 

    ou parole, ou silence 

    ou soutien

     

    s'il vous plaît, Bernadette

    prêtez-moi vos sabots

    et s'ils sont trop petits

    qu'ils me rendent modeste

     

    que j'avance en sachant que je suis limitée

    avec des petits pas 

    des chutes, et des  relèves  

     

    pour suivre de Marie la route de confiance

    pour découvrir l'Eau Vive

    offerte aux assoiffés 

     

    pour se rendre au repas

    où Jésus nous invite

    afin de partager sa parole et son pain 

    s'il vous plaît, Bernadette

    prêtez-moi vos sabots 

     

    pour monter vers le Père qui m'attend

    et qui m'aime 

    pour entrer dans la fête

    au bout du chemin 

     

    après avoir marché 

    portant mes joies, mes peines 

    tout en vous demandant de me donner la main,

    s'il vous plaît, Bernadette

    prêtez-moi vos sabots

     

    Prière à sainte Bernadette de Marie-Louise Pierson

     

     

     

  • Le Matin Eternel

     

     

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    Marie Noël

     

     

    Alors, pour traverser la nuit 

    comme une femme

    emporte son enfant endormi 

     

    ô mon Dieu,

    tu me prendras

     

    tu m'emporteras au milieu

    du ciel splendide

    en ta demeure

     

    où peu à peu

    le matin éternel

    réveillera mon âme.

     

     

    Marie Noël

     

     

     

  • Ce que j'ai mon Dieu je vous le donne

     

     

    C est la misericorde que je desire

     

     

    O mon Dieu, vous m'avez blessé d'amour
    Et la blessure est encore vibrante,
    O mon Dieu, vous m'avez blessé d'amour.

    Voici mon sang que je n'ai pas versé,
    Voici ma chair indigne de souffrance,
    Voici mon sang que je n'ai pas versé.

    Voici mon coeur qui n'a battu qu'en vain
    Pour palpiter aux ronces du Calvaire,
    Voici mon coeur qui n'a battu qu'en vain.

    Voici mes yeux, luminaires d'erreurs
    Pour être éteints aux pleurs de la prière,
    Voici mes yeux, luminaires d'erreurs.

    Hélas ! Vous, Dieu d'offrande et de pardon,
    Quel est le puits de mon ingratitude,
    Hélas ! Vous, Dieu d'offrande et de pardon.

    Vous, Dieu de paix, de joie et de bonheur,
    Toutes mes peurs, toutes mes ignorances,
    Vous, Dieu de paix, de joie et de bonheur.

    Vous connaissez tout cela, tout cela
    Et que je suis plus pauvre que personne,
    Vous connaissez tout cela, tout cela.

    Mais ce que j'ai, mon Dieu, je vous le donne.



    Paul Verlaine 

     

     

  • La Vierge à midi

     

     

    Statue de la vierge miraculeuse p image 24650 grande

     

     

    Il est midi. Je vois l'église ouverte. Il faut entrer.
    Mère de Jésus-Christ, je ne viens pas prier.
    Je n'ai rien à offrir et rien à demander.
    Je viens seulement, Mère, pour vous regarder.
    Vous regarder, pleurer de bonheur, savoir cela
    Que je suis votre fils et que vous êtes là.
    Rien que pour un moment pendant que tout s'arrête.
    Midi !


    Être avec vous, Marie, en ce lieu où vous êtes.
    Ne rien dire, regarder votre visage,
    Laisser le cœur chanter dans son propre langage.
    Ne rien dire, mais seulement chanter parce qu'on a le cœur trop plein,
    Comme le merle qui suit son idée en ces espèces de couplets soudains.
    Parce que vous êtes belle, parce que vous êtes immaculée,
     intacte ineffablement,


    Parce que vous êtes la Mère de Jésus-Christ,
    Qui est la vérité entre vos bras, et la seule espérance et le seul fruit.
    Parce qu'il est midi, parce que nous sommes en ce jour d'aujourd'hui,
    parce que vous êtes là pour toujours, simplement parce que vous êtes Marie, 
    simplement parce que vous existez,
    Mère de Jésus-Christ, soyez remerciée !

     

    Paul Claudel : "La Vierge à midi", Poèmes de Guerre, N.R.F., 1914-1915

     

     

  • Mon Ciel à moi

     

     

     

    Ste therese de lisieux2

    Ste Thérèse de Lisieux

     

     

    Pour supporter l'exil de la vallée des larmes
    Il me faut le regard de mon Divin Sauveur
    Ce regard plein d'amour m'a dévoilé ses charmes
    Il m'a fait pressentir le Céleste bonheur
    Mon Jésus me sourit quand vers Lui je soupire.
    Alors je ne sens plus l'épreuve de la foi
    Le Regard de mon Dieu, son ravissant Sourire,
    Voilà mon Ciel à moi !...

     

     Mon Ciel est de pouvoir attirer sur les âmes
    Sur l'Eglise ma mère et sur toutes mes soeurs
    Les grâces de Jésus et ses Divines Flammes
    Qui savent embraser et réjouir les coeurs.
    Je puis tout obtenir lorsque dans le mystère
    Je parle coeur à coeur avec mon Divin Roi
    Cette douce Oraison tout près du Sanctuaire
    Voilà mon Ciel à moi !...

     

     Mon Ciel, il est caché dans la petite Hostie
    Où Jésus, mon Epoux, se voile par amour
    A ce Foyer Divin je vais puiser la vie
    Et là mon Doux Sauveur m'écoute nuit et jour
    «Oh! quel heureux instant lorsque dans ta tendresse»
    «Tu viens, mon Bien-Aimé, me transformer en toi»
    «Cette union d'amour, cette ineffable ivresse»
    Voilà mon Ciel à moi !...

     

    Vous qui êtes tout Amour

     

    Vierge a l enfant endommagee par des tirs d artillerie durant le siege de homs syrie eglise de la ceinture de la vierge

    Vierge à l'enfant endommagée durant le siège de Homs_ Syrie_église de la ceinture de la Vierge_photo AED

     

     

    Voici la Vierge Marie qui,

    du haut du Ciel,

    murmure à l'oreille de son Fils:

    " L'amour s'est tari dans les foyers,

    ainsi que la joie..."

     

    Oui, Mère, la paix et la joie ont disparu

    de nos coeurs,

    la violence et la guerre dominent.

     

    Envoyez-nous une pluie

    de pétales de paix,

    remplissez nos jarres d'amour

    et de joie.

     

    Transformez toute souffrance

    en guérison,

    tout chagrin en consolation,

    toute inquiétude en repos.

     

    Transformez notre monde souffrant

    et submergé

    par la guerre

    en un monde de paix.

     

    Bénissez tous ceux

    qui transforment le chagrin

    de leurs frères en allégresse.

     

    Donnez-nous la paix,

  • Je viens à vous Seigneur

     

     

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    Je viens à vous, Seigneur ! confessant que vous êtes
    Bon, clément, indulgent et doux, ô Dieu viv
    ant !
    Je conviens que vous seul savez ce que vous faites,
    Et que l'homme n'est rien qu'un jonc qui tremble au vent ;


    Je dis que le tombeau qui sur les morts se ferme
    Ouvre le firmament ;
    Et que ce qu'ici-bas nous prenons pour le terme
    Est le commencement...

    Victor Hugo

     

     

  • A travers toutes les nuits

     

     

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    Ô Verbe éternel, parole de mon Dieu,

    je veux passer ma vie à Vous écouter,

    je veux me faire tout enseignable afin d'apprendre tout de Vous;

    puis, à travers toutes les nuits, tous les vides,
    toutes les impuissances,

    je veux vous fixer toujours et
    demeurer sous votre grande lumière.

    Ô Père, penchez-Vous vers votre pauvre petite créature,

    ne voyez en elle que le Bien-aimé en lequel
    Vous avez mis toutes vos complaisances.

    Elisabeth de la Trinité

     

     

  • La partance continuelle

     

     

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    Rainer Maria Rilke

     

     

    Une rose seule, c'est toutes les roses

    et celle-ci ; l'irremplaçable,

    le parfait, le souple vocable

    encadré par le texte des choses.

     

    Comment jamais dire sans elle

    ce que furent nos espérances,

    et les tendres intermittences

    dans la partance continuelle.

     

    Rainer Maria Rilke

     

     

     

  • Entrez dans la maison de mon Père

     

     

    Tu trouveras la paix

     

     

    Priere de mere teresa

     

     

     

     

  • Nous aurons fait le maximum

     

    Les mots de tout le monde

     

     

    Ô Seigneur, 

    je souhaite que nous tous qui sommes ici,

    nous puissions, au moins une fois dans notre vie,

    annoncer si fort, si passionnément,

    la Bonne Nouvelle de Dieu,

     

    et avec tant de bonté,

    que cet homme puisse en garder

    le souvenir, la nostalgie,

    et qu'un jour où nous ne serons plus là,

    il s'adresse  au Dieu possible

    qu'il pressent,

     

    au Dieu dont on lui a parlé,

    comme de quelqu'un de vivant

    et aimant ;

    que cet homme se tourne vers Dieu,

    qu'il s'adresse à Lui.

     

    Ce jour là, pour cet homme,

    nous aurons fait le maximum,

    car nous l'aurons mis en contact

    volontaire avec Dieu...

     

    Il aura répondu par un acte élémentaire

    d'amour, à l'Amour de Dieu

    qui, Lui, l'aime toujours

    et indéfiniment, le premier.

     

    Madeleine  Delbrêl

     

     

     

  • Une belle fleur blanche

     

    Sainte face de jesus

     

    Jésus beaucoup trop bon,

    Vous qui régnez en rouge aux vitraux de l'église

    Avec un agneau qui vous aime

    Et dans vos mains une belle fleur blanche

    Qui ne pousse pas dans notre pauvre pays,

     

    Je ne peux pas comprendre vos grandeurs,

    mais je sais bien

    Que vous écoutez toutes nos paroles,

    sauf les méchantes,

    Et que votre âme, qui a tout souffert,

    connaît la mienne

     

    Armand Robin 

     

  • Connais-moi si tu peux !

     

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    Marie Noël

     

     

    Connais-moi si tu peux, ô passant, connais-moi !

    Je suis ce que tu crois et suis tout le contraire:

     

    La poussière sans nom que ton pied foule à terre

    Et l'étoile sans nom qui peut guider ta foi.

     

    Je suis et ne suis pas telle qu'en apparence:

    Calme comme un grand lac où reposent les  cieux,

     

    Si calme qu'en plongeant tout au fond de mes yeux,

    Tu te verras en leur fidèle transparence...

     

    Connais-moi ! connais-moi ! Ce que j'ai dit le suis-je ?

    Ce que j'ai dit est faux - Et pourtant c'était vrai ! -

     

    L'air que j'ai dans le coeur est-il triste ou bien gai ?

    Connais-moi si tu peux. Le pourras-tu ?...Le puis-je ?...

     

    Ô passant, quand tu verrais

    Tous mes pleurs et tout mon rire,

    Quand j'oserais tout te dire

    Et quand tu m'écouterais,

     

    Quand tu suivrais à mesure

    Tous mes gestes, tous mes pas,

    Par le trou de la serrure...

    Tu ne me connaîtras pas !

     

    Et quand passera mon âme

    Devant ton âme un moment

    Eclairée à la grand'flamme

    Du suprême jugement,

     

    Et quand Dieu comme un poème

    La lira toute aux élus,

    Tu ne sauras pas lors même

    Ce  qu'en ce monde je fus...

     

    Tu le sauras si rien qu'un seul instant tu m'aimes !

     

    Marie Noël  

     

  • Une buée humaine dans l'espace

     

     

    Empreinte anna de noailles

     

     

    Vivre, avoir les rayons du soleil sur la face,

    Boire le sel ardent des embruns et des pleurs,

    Et goûter chaudement la joie et la douleur

    Qui font une buée humaine dans l'espace !

    Anna de Noailles

     

  • Fraternité

     

    Prevert 1

     

    Oh

    jardins perdus

    fontaines oubliées

    prairies ensoleillées

    oh douleur

    splendeur et mystère de l'adversité

    sang et lueurs

    beauté frappée

    Fraternité.

    Jacques Prévert 

     

  • Désirer que ce soit autrement

     

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    Désirer, désirer désespérément

    désirer jusqu'à la douleur et la détresse

    jusqu'au grand vide amer

    désirer que ce soit autrement

     

    désirer la fin des cruautés

    des folies, de la bêtise, de l'abject,

    désirer la gaieté, la lumière, la tendresse

     

    avoir si faim, avoir si soif

    du monde différent

    et de soi-même différent.

    Maurice Bellet

     

  • Désert intime

     

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    La voix de Dieu s'est tue 

    Et seul dans les jardins le soleil parle aux pauvres

    Nous vivons tous dans un désert sans fin où notre cœur attend

    Nous allumons des feux     

    Qui donc parmi les pierres fait refleurir la vie ?     

    Qui nous parle de près ?     

    Restons dans le désert     

    Nous y serons un jour visités en secret

    Georges Haldas

     

  • Tu es la grande lumière de la pauvreté

     

    Tu es la grande lumière de la pauvreté

     

     

    Seigneur, tu es le pauvre.

     

    Tu es le pauvre, le dénué de tout,

    tu es la pierre qui roule sans trouver le repos,

    tu es le lépreux hideux dont on se détourne

    et qui rôde autour des villes avec son grelot.

     

    Tu es pauvre comme les malades

    qui dans la nuit se retournent sans cesse

    et sont presque heureux

    et comme les fleurs entre les rails

    si tristes dans le vent confus des voyages.

     

    Toi tu es vraiment le pauvre, le dénué de tout,

    tu es le mendiant qui se cache la face;

    tu es la grande lumière de la pauvreté

    auprès de qui l'or semble terne.

    Rainer Maria Rilke

     

  • Comme les enfants

     

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    J'ai le souffle court

    comme les enfants,

    surtout quand ils jouent,

    surtout quand ils dorment

    en rêvant aux anges,

    surtout quand ils pleurent.

    Gilbert Cesbron

     

  • Pourquoi je t'aime, ô Marie !

     

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    Je voudrais chanter, Marie, pourquoi je t'aime
    Pourquoi ton nom si doux fait tressaillir mon cœur
    Et pourquoi la pensée de ta grandeur suprême
    Ne saurait à mon âme inspirer de frayeur.
    Si je te contemplais dans ta sublime gloire
    Et surpassant l'éclat de tous les bienheureux
    Que je suis ton enfant je ne pourrais le croire
    Ô Marie, devant toi, je baisserais les yeux !...

    Tu nous aimes, Marie, comme Jésus nous aime
    Et tu consens pour nous à t'éloigner de Lui.
    Aimer c'est tout donner et se donner soi-même
    Tu voulus le prouver en restant notre appui.
    Le Sauveur connaissait ton immense tendresse
    Il savait les secrets de ton cœur maternel,
    Refuge des pécheurs, c'est à toi qu'Il nous laisse
    Quand Il quitte la Croix pour nous attendre au Ciel.

    Bientôt je l'entendrai cette douce harmonie
    Bientôt dans le beau Ciel, je vais aller te voir
    Toi qui vins me sourire au matin de ma vie
    Viens me sourire encor... Mère... voici le soir !...
    Je ne crains plus l'éclat de ta gloire suprême
    Avec toi j'ai souffert et je veux maintenant
    Chanter sur tes genoux, Marie, pourquoi je t'aime
    Et redire à jamais que je suis ton enfant !...

    Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus

     

  • Quelque part

     

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    Gérald Neveu

     

    Il est à genoux

    pour qu’on ne le voie pas

    Il est à genoux

    une étoile sur chaque plaie

    Sa voix se confond enfin

    avec le ciel

    un pauvre petit ciel

    de ce monde

    Il est à genoux dans le monde

    près d’une table de cuisine

    Quand vient la nuit il passe outre

    Gérald Neveu

     

  • Je vais chercher la paix

     

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    Je songe au temps d'été où vers cette colline,

    et vers ce vallon bleu, doux comme Lamartine

    à l'heure où les poiriers rêvent à Jocelyn,

    je vais chercher la paix comme un morceau de pain.

    Francis Jammes

     

  • M'établir en vous

     

    La sainte trinite

     

    Ô mon Dieu,

    Trinité que j'adore,

    aidez-moi à m'oublier entièrement

    pour m'établir en vous,

    immobile et paisible comme si déjà 

    mon âme était dans l'éternité.

     

    Que rien ne puisse troubler ma paix,

    ni me faire sortir de vous,

    Ô mon Immuable,

    mais que chaque minute m'emporte plus loin

    dans la profondeur de votre Mystère.

     

    Pacifiez mon âme,

    faites-en votre ciel,

    votre demeure aimée et le lieu de votre repos.

     

    Que je ne vous y laisse jamais seul,

    mais que je sois là tout entière,

    tout éveillée en ma foi,

    tout adorante,

    toute livrée à votre Action créatrice.

    Elisabeth de la Trinité

     

  • Pays, arrêté à mi-chemin

     

    Poesiedesjours rilke

     

    Pays, arrêté à mi-chemin
    entre la terre et les cieux,
    aux voix d'eau et d'airain,
    doux et dur, jeune et vieux,

    comme une offrande levée
    vers d'accueillantes mains :
    beau pays achevé,
    chaud comme le pain ! 

    Rainer Maria Rilke

     

  • Vivre d'Amour

     

    Vivre d amour

     

     

    Vivre d’Amour, c’est garder en soi-même
    Un grand trésor en un vase mortel
    Mon Bien-Aimé, ma faiblesse est extrême
    Ah je suis loin d’être un ange du ciel !…
    Mais si je tombe à chaque heure qui passe
    Me relevant tu viens à mon secours,
    A chaque instant tu me donnes ta grâce
    Je vis d’Amour.

    Vivre d’Amour, c’est naviguer sans cesse
    Semant la paix, la joie dans tous les cœurs
    Pilote Aimé, la Charité me presse
    Car je te vois dans les âmes mes soeurs
    La Charité voilà ma seule étoile
    A sa clarté je vogue sans détour
    J’ai ma devise écrite sur ma voile :
    « Vivre d’Amour. »

    Vivre d’Amour, lorsque Jésus sommeille
    C’est le repos sur les flots orageux
    Oh ! ne crains pas, Seigneur, que je t’éveille
    J’attends en paix le rivage des cieux…
    La Foi bientôt déchirera son voile
    Mon Espérance est de te voir un jour
    La Charité enfle et pousse ma voile
    Je vis d’Amour !…

    « Vivre d’Amour, quelle étrange folie ! »
    Me dit le monde, « Ah ! cessez de chanter,
    Ne perdez pas vos parfums, votre vie,
    Utilement sachez les employer !… »
    T’aimer, Jésus, quelle perte féconde !…
    Tous mes parfums sont à toi sans retour,
    Je veux chanter en sortant de ce monde :
    « Je meurs d’Amour ! »

    Mourir d’Amour, voilà mon espérance
    Quand je verrai se briser mes liens
    Mon Dieu sera ma Grande Récompense
    Je ne veux point posséder d’autres biens.
    De son Amour je veux être embrasée
    Je veux Le voir, m’unir à Lui toujours
    Voilà mon Ciel… voilà ma destinée :
    Vivre d’Amour !!!…

    Thérèse de Lisieux

     

  • La plus haute poésie

     

    A qui l on a beaucoup donne

     

     

    La violence de la poésie est calme et silencieuse

    et pénètre loin _ jusqu'à l'os

    jusqu'au blanc

     

    La plus haute poésie

    est frappée

    de pauvreté d'images

     

    Il n'est question

    que d'aller plus loin au-dehors

    toujours plus loin au-dehors

    vers l'extrême ligne de lumière

    Kenneth White

     

  • Dans cette nuit immense

     

     

     

    Pâle étoile du soir, messagère lointaine,

    Dont le front sort brillant des voiles du couchant,

    De ton palais d'azur, au sein du firmament,

    Que regardes-tu dans la plaine ?

     

    Etoile, où t'en vas-tu dans cette nuit immense ?

    Cherches-tu sur la rive un lit dans les roseaux ?

    Ou t'en vas-tu, si belle, à l'heure du silence,

    Etoile de l'amour, ne descends pas des cieux.

     

    Alfred de Musset

     

  • Seule l'attention est capable d'aimer

     

     

    Dieu,

    Tu as choisi de te faire attendre

    tout le temps d'un avent.

     

    Moi je n'aime pas attendre

    parce que je n'ai pas le temps...

     

    Mais Toi Dieu,

    Tu as choisi de te faire attendre

    le temps de tout un avent.

     

    Parce que Tu as fait de l'attente

    l'espace de la conversion,

    le face à face avec ce qui est caché,

     

    parce que seule l'attente

    réveille l'attention

    et que seule l'attention

    est capable d'aimer...

     

    Jean Debruynne

     

  • Seigneur, quand serai-je assez

     

     

    Seigneur, quand serai-je assez

    Clochard pour la joie du chemin

    Bandit pour la joie du procès

    Voyou pour la joie du baiser

    Croix pour la joie d'être avec toi ?

     

    Quand, Seigneur, serai-je assez

    Homme pour la joie de ton visage

    Ami pour la joie de ton regard

    Enfant pour la joie de ton coeur

    Souffle pour la joie d'être en toi ?

     

    Quand serai-je assez

    Nu pour la joie de prier

    Donné pour la joie de servir

    Simple pour la joie de chanter

    Corps pour la joie d'être avec toi ?

     

    Christophe Lebreton

    Moine de Tibhirine assassiné en 1996

     

  • Angélus de midi

     

    Ndlasalette

     

     

    Mon esprit s’ouvre et s’offre, on dirait une cible ;

    Je ne puis plus compter les chutes de mon cœur ;

    La charité se fane aux doigts de la langueur ;

    L’ennemi m’investit d’un fossé d’eau dormante ;

    Un parti de mon être a peur et parlemente ;

    Il me faut à tout prix un secours prompt et fort.

     

    Ce fort secours, c’est vous, maîtresse de la mort

    Et reine de la vie, ô Vierge immaculée,

    Qui tendez vers Jésus la Face constellée,

    Pour lui montrer le Sein de toutes les douleurs,

    Et tendez vers nos pas, vers nos ris, vers nos pleurs,

    Et vers nos vanités douloureuses les paumes

    Lumineuses, les Mains répandeuses de baumes...

     

    Ah ! vous aimer, n’aimer Dieu que par vous, ne tendre

    A lui qu’en vous sans plus aucun détour subtil,

    Et mourir avec vous tout près.

    Ainsi soit-il !

     

    Paul Verlaine, 1875

     

  • Je m'élance dans l'heure vive

     

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    Je viens du monde encore sans nom

    qui donne naissance au poème;

     

    Regarde,

    je n'ai plus ni voix ni visage :

    seule une rumeur d'oiseaux

    sur laquelle tu te penches.

     

    Je voudrais être un pont

    entre cette vie et l'autre ;

     

    Regarde,

    je suis fait d'ombres,

    blessé de villes impénétrables,

    mais je m'élance dans l'heure vive

    entraînant l'horizon déjà sous le soleil.

     

    Claude Saguet

     

  • J'écoute ces voix grêles

     

    J ecoute ces voix greles

                    

    Liberté, égalité, fraternité,

    Nommez les fruits de l'espérance la plus amère,

    Lavez, lavez, sur les couteaux, sur les épées

    Le sang versé depuis l'éternité.

     

    J'écoute ces voix grêles et la guitare,

    Je pense obscurément

    A tous ceux de par le monde dont

    Je ne suis point séparé,

     

    Frère lâche, tais-toi

    Devant le supplice de celui qui, plus fort que toi,

    Meilleur que toi,

    Mourant pour toi, meurt plus que toi !

     

    Victor Serge

               

  • Au plus haut des entrailles

                   

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    Je porte caché au plus haut des entrailles

    à la place où la foudre a frappé trop souvent

    un coeur où chaque mot a laissé son entaille

    et d'où ma vie s'égoutte au moindre mouvement

     

    Pierre Reverdy

                        

  • La divine espérance

         

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    Nous devons nous passer de coeur en coeur la parole de Dieu.

    De main en main, de coeur en coeur,

    nous devons nous passer la divine espérance.

     

    Charles Péguy

             

  • D'un seul pas de mon coeur

         

    paul-eluard-2.jpgPaul Eluard         

          

    D'un seul pas de mon coeur je vous entraînerai

    Je suis sans forces j'ai vécu je vis encore

    Mais je m'étonne de parler pour vous ravir

    Quand je voudrais vous libérer pour vous confondre

    Aussi bien avec l'algue et le jonc de l'aurore

    Qu'avec nos frères qui construisent leur lumière

     

    Paul Eluard

                          

  • L'espérance

                                               L esperance

                 

     

    Que des feuilles mortes jonchant le sol
    D’un songe reverdies et envolées,
    Que les voici emportées par un vol
    De colombes comme brins d’olivier,

    Que de les voir belles qui caracolent
    D’un nouvel espoir jamais éprouvé,
    Que les voilà sans nul besoin de colle
    De cent façons aux branches assemblées,

    Ainsi pourrait se dire l’espérance,
    Constante et inépuisable rivière 
    Prenant sa source au pays de l’enfance,

    Ainsi perdurerait lueur intense,
    Constante et perpétuelle lumière
    Prenant au ciel l’éternelle brillance.

     

    Jean de Baulhoo

              

  • As-tu jeté un seul regard ?

                         

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    J'avais crié vers Toi. Ai-je crié trop fort ?

    ou n'ai-je pas assez crié ?  avec assez de foi ?

    As-tu jeté un seul regard ?  La route  était sous ton oeil.

    J'y étais, bien sûr, sur cette route...

     

    Benjamin Fondane

                            

  • Tout est un

                        

     

    Tout est un 1 

                                                                         

     

    L'âme est seule au-dessus du monde bleu

    De la terre belle et animale, sans espace.

    Tout est un, et un en un, et tout en un

    Et un en Dieu.

     

    Pierre Jean Jouve

                     

     

  • L'invité de la dernière heure

                    

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    Les mots ne sont plus qu'un désert,

    des guignols pour tromper l'absence,

    et puis les mots, à quoi çà sert ?

    Notre seul cri , c'est le silence.

     

    Peuple de Dieu, soyez aimable,

    serrez-vous donc à l'intérieur,

    pour accueillir à votre table

    l'invité de la dernière heure.

     

    Jean Debruynne

                       

  • Tant de grâces

                               

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    Pourquoi m'avoir donné tant de grâces, Seigneur ?

    Il faudra bien que j'en réponde.

     

    Vous m'avez débordé d'indulgence,

    je n'ai pas ma part de tristesse.

     

    J'ai l'angoisse d'être trop heureux au milieu des misérables,

    Je le confesse même si celà doit scandaliser.

     

    Mais je ne peux pas faire que ma joie soit obscure !

    Je ne peux pas faire que ma joie ne soit pas

    Vous !

                 

    Patrice de La Tour du Pin

                    

  • Dans le ciel qu'on voit

     

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    La cloche, dans le ciel qu'on voit,

    Doucement tinte,

    Un oiseau sur l'arbre qu'on voit,

    Chante sa plainte.

    Mon Dieu, Mon Dieu, la vie est là

    Simple et tranquille.

     

    Paul Verlaine

                     

  • Goutte d'or !

                                                                                                                   

     

    Goutte d or
                                                                       Dom Helder Camara

                                                         

     

    Si nous pouvions ne pas avoir

    une goutte de haine !

    Goutte d'or !

    Si nous pouvions glisser une goutte

    d'or vrai,

    d'or vrai du véritable amour,

    dans l'humanité, dans le quartier,

    une goutte d'or d'amour

    pour nos frères.

                                                              

    Dom Helder Camara

                       

     

  • Amour qui planais sur les eaux

                                 

    Amour qui planais sur les eaux

                         

    Amour qui planais sur les eaux

    Et les berças du premier souffle,

    Nos âmes dorment :

    Prends-les d'un battement nouveau

    Qui reflue au Christ vers leur source

    Pour déborder parmi les hommes.

                                                       

    Tu es cette voix qui gémit,

    Dans les douleurs de notre monde,

    Le nom du Père ;

    Mais en retour, tu es aussi

    La voix apportant sa réponse:

    L'Amour de Dieu couvre la terre.

                                 

    Patrice de la Tour du Pin

                                   

  • Ce feu dévorant ma raison

       Ce feu devorant ma raison
                                                              Soeur Emmanuelle

     

    C'était donc ça le Saint-Esprit ?

    Ce feu dévorant ma raison,

    Dévorant ma pauvre maison ?

    Quoi ! ce cruel oiseau de proie,

    Planant, pillant, qui m'a tout pris

    Et ne m'a laissé que la Joie,

    C'était donc ça le Saint-Esprit !

     

    Gilbert Cesbron

     

  • La Babylone

     La babylone

     

    La Babylone j'ai vu, Marie !

    La Babylone j'ai vu, Jésus !

    Sept étages et Jésus dessus !

    Rez-de-chaussée les paresseux

    Souliers cirés, esprit ni âme,

    jolis messieurs et jolies dames.

    Au premier le riche et l'orgueil

    avec le tonnerre dans son oeil.

    Au second j'ai vu la colère

    Taper du pied pour les faire taire

    Depuis le bas jusqu'au fronton

    les sept étages des sept démons.

    La puanteur chez les avares

    ceux qui ont pris la meilleure part

    et la luxure porc à porc

    avec les gourmands à la porte.

     

    Max Jacob

     

  • Dans l'éternité de vie

     Dans l'éternite de vie

     

    Alléluiah !

     

    Pour le cri de l'oiseau,

    Les larmes de l'enfant,

    Pour l'élan de mon coeur,

    Aux éclats de ta liesse

    Et le déferlement

    Du fleuve de l'amour

     

    Au désert de mes soifs.

     

    Pour le jour, pour la nuit,

    Pour l'amour, pour son fruit,

    Pour mes faims, pour ton pain,

    Pour mes soifs, pour ton vin,

     

    Alléluiah !

     

    Pour la vive clameur

    Sanglante de ma mort,

    Proche aux roues de ton verbe,

    Et mon élan vers toi,

    Au-delà de la mort,

    Dans l'éternité de vie !

     

    André Chouraqui

     

  • Dieu nous aimait tant et tant

     

    Pour voir le pere

     

     

    Ce soir d'avant le printemps,

    Dieu nous aimait tant et tant

    Qu'on le respirait dans l'air...

     

    Et nous autres, si ravis

    Qu'on aurait donné sa vie

    Sur-le-champ, pour voir le Père !

     

    Gilbert Cesbron

     

  • Un appel au plus loin résonne

     

    Un appel au plus loin résonne

     

     

    La grâce étrange et familière

    d'une âme en moi comme un enfant

    me tient en sommeil et prière.

     

    L'espace immensément infime

    d'une âme en moi comme un arpent

    est du corps l'abîme et la cime.

     

    L'onde éteinte et qu'un vent rallume

    d'une âme en moi comme un étang

    insinue sa teinte et sa brume.

     

    Un appel au plus loin résonne,

    et je remets à qui la donne

    l'âme ouverte comme un présent.

     

    Benoît Vermander

     

  • Que la Rencontre aille jusqu'au bout

     

     

     

    Creuse en moi Ton silence

    Déchire cette peau d'amande

    où se réaimante le chaos des syllabes.

     

    Que s'affranchisse d'un seul regard

    l'essaim fou des questions.

     

    Que la Rencontre aille jusqu'au bout

    de ce promontoire de l'âme.

     

    Dans le temps qui nous absente

    ne tarde pas:

    ouvre la Tente du rendez-vous.

     

    Christiane Keller

     

  • La racine de l'amour

     

     

     

    Si tu te tais, tais-toi par amour,

    Si tu parles, parle par amour,

    Si tu corriges, corrige par amour,

    Si tu pardonnes, pardonne par amour.

     

    Saint Augustin

     

  • Philippines

     

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    A ceux qui sont morts

    entre deux océans

     

    A ceux qui ont survécu

    dans un néant d'apocalypse

     

    A ceux que tu dois aider

    sans attendre

    un jour de plus

     

    A ceux qui ne peuvent pas

    te remercier

    de ta fraternité donnée

     

    Poésie des Jours

     

  • Un chemin de halage

     

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    Un chemin de halage

    est notre voie royale.

    Vieil âne disloqué,

    tout templi de rancunes,

    si faible et si tenace,

    le cuir blessant l'épaule,

    nous tirons un bateau

    plus lourd de soir en soir,

    pourtant si creux, si vide :

    nous halons le bateau

    de notre vie manquée.

     

    Gilbert Cesbron

     

     

  • Celui qui s'en va seul

     

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    Celui qui s'en va seul

    Porte avec lui les autres.

     

    Désespère pour eux

    D'espérer avec eux.

     

    Guillevic

     

  • Ils passent devant moi

     

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    J'ai enfin le droit de saluer des êtres

    que je ne connais pas

    Ils passent devant moi et s'accumulent au loin

    Tandis que tout ce que j'en vois m'est inconnu

    Et leur espoir n'est pas moins fort

    que le mien

     

    Je ne chante pas ce monde

    ni les autres astres

    Je chante toutes les possibilités de moi-même

    hors de ce monde et des astres

    Je chante la joie d'errer

    et le plaisir d'en mourir

     

    Guillaume Apollinaire

     

     

  • Je dépasserai le temps

     

     

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    Toutes les autres vies sont dans ma vie

     

    Par les nuages nuage pris

    Ruisseau d'herbe en herbe étourdi

    Je me fuis de vie en vie

    Hâte sans fin rafraîchie

     

    Je dépasserai le temps

    Je me ferai mouvant flottant

    Je ne serai qu'une truite d'argent

     

    Armand Robin

     

     

  • L'ombre soeur

     

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    Entre à la nuit sans rivages

    Si tu n'es toi qu'en passant

    L'oubli rendra ton visage

    Au coeur d'où rien n'est absent

     

    Ton silence né d'une ombre

    Qui l'accroît de tout le ciel

    Eclôt l'amour où tu sombres

    Aux bras d'un double éternel

     

    Et t'annulant sous ses voiles

    Pris à la nuit d'une fleur

    Donne des yeux à l'étoile

    Dont ton fantôme est le coeur

     

    Joë Bousquet

     

     

  • Entends sur les étangs

     

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    Poète, prends ta pipe

    Et ton Borsalino,

    Et sors. Entends sur les étangs

    Tous ces crapauds qui chantent

    Depuis le fond des temps,

    Tous ces crapauds gonflés comme une cornemuse,

    Bag-pipers mélancoliques

    De nos belles nuits bibliques

    D'occident -  " Co-oac, co-co-oac...! "

     

    Maurice Fombeure

     

     

  • En guerre avec moi-même

     

     

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    Hélas !  en guerre avec moi-même,

    Où pourrai-je trouver la paix ?

    Je veux, et n'accomplis jamais.

    Je veux, mais, ô misère extrême !

    Je ne fais pas le bien que j'aime,

    Et je fais le mal que je hais.

     

    Jean Racine

     

     

  • Nous tricotons nos vies

     

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     Gilbert Cesbron

     

     

    Nous tricotons nos vies

    Une maille à l'endroit

    Une maille à l'envers

    A quoi bon les compter

    Tout se défait d'un coup.

     

    Gilbert Cesbron

     

  • De ton coeur au mien

     

     

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    C'est en vain que ton âme est penchée au dehors

    Sens l'impalpable exil nous entrer dans la peau

    Imprégner l'épaisseur de la chair, membre à membre

    Sens-le monter comme la force du sommeil

    De tes pieds à ton coeur et de ton coeur au mien.

     

    Jules Romains

     

     

  • Comment se comprendre

     

     

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    Comment se comprendre par un sourire sans parler ?

    Je n'aurai pas de disciple pour comprendre

    Mon silence

    Je resterai pour toujours un trèfle béant

    Qui n'a pas dit ce qu'il voulait dire

     

    Armand Robin

     

     

  • Une invisible rose de regret

     

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    Il y aura toujours dans mon oeil cependant

    une invisible rose de regret

    comme quand au-dessus d'un lac

    a passé l'ombre d'un oiseau

     

    Philippe Jaccottet

     

     

  • Ô Sagesse jadis rencontrée !

     

     

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    Ô Sagesse jadis rencontrée ! C'est donc toi devant moi qui marchais aux jours de mon enfance,

    Que de pays ensemble parcourus ! Que de hasards et que d'années !

    Et après une longue séparation la joie de ces retrouvailles inopinées !

    Qui tient les yeux levés sur toi ne craint point l'hésitation ou le vertige.

    Tout à la vision de ta face devient connaissable et doré.

     

    Paul Claudel

     

     

  • Le chemin d'Emmaüs

     

     

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    Toi et moi, épuisés,

    pèlerins poussiéreux

    qui arpentons sans fin 

    le chemin d'Emmaüs

    dans l'espoir enfantin

    d'y rencontrer Jésus...

     

    Enfants aux cheveux gris,

    c'est sous d'autres visages

    et sur d'autres chemins

    qu'il faut le reconnaître !

     

    Gilbert Cesbron

     

     

  • Cà n'est pas étonnant

     

     

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    La foi, çà ne m'étonne pas

    Cà n'est pas étonnant..

     

    J'éclate tellement dans ma création

    Dans le soleil et dans la lune et dans les étoiles

    Dans les astres du firmament

    Dans les plantes et dans les bêtes

     

    Et dans l'homme..

    Dans le regard et dans la voix des enfants...

     

    J'éclate tellement dans toute ma création

    Que pour ne pas me voir vraiment

    Il faudrait que ces pauvres gens

    fussent aveugles

     

    Charles Péguy

     

     

  • Des pans déchiquetés de mon coeur

     

     

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    J'allume, j'allume de ma torche dansante

    Le ciel vert-de-grisé des cités

    Pour tous les pauvres qui vivent de la soif des autres

    Et n'ont pas le droit d'avoir soif

     

    Ceux qui vendent le chant des pommes

    Le lait la pluie l'air et la coca des trusts

    Ceux qui vendent tout juste assez pour mourir,

    Pour couvrir la plaie de leurs petits

     

    Je viens, je viens sur mon cheval rouge

    Dont les ailes sont faites des pans

    Déchiquetés de mon coeur, de mon manteau de gueux

    Ses sabots feront fleurir du roc le rosier d'amour

     

    Yvan Goll

     

     

  • Beau ciel, vrai ciel

     

     

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    Beau ciel, vrai ciel, regarde-moi qui change !

    Après tant d'orgueil, après tant d'étrange

    Oisiveté, mais pleine de pouvoir,

    Je m'abandonne à ce brillant espace,

    Sur les maisons des morts mon ombre passe

    Qui m'apprivoise à son frêle mouvoir.

     

    Paul Valéry

     

     

  • Dans le passage

     

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    Je ne connais que ton visage  

    que pourrais-tu me donner d'autre quel autre gage   

    homme mon seul pays      

    et mon vrai paysage     

    en ces matins entr'ouvrant leurs rideaux     

    au croisement dans le passage    

    où nos ombres se frôlent       

    sans même se héler   

    chacun de nous tiré par ce qu'il faut qu'il tire     

    et n'imaginant plus     

    rien pouvoir donner ?

     

    Pierre Morhange

     

     

  • Des mots d'espoir

     

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    Des mots d'espoir, des mots d'alarme

    Des mots d'oubli, des mots de rêve

    Des mots de chair, des mots de sang

    Des mots, des mots - voici des mots

     

    Peut-être qu'ils voudront te dire

    A toi voulant les reconnaître

    Les accueillir, les recevoir

    Et les garder comme un refrain -

     

    Peut-être qu'ils sauront te dire

    Par d'autres lèvres que les miennes

    Par d'autres jeux moins tâtonnants

    Le sens aveugle  qu'ils m'ont tu

     

    Claude Sernet

     

     

  • Pourquoi fuir l'immensité

     

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    Ni route ni vent ni fleuve

    Rien qui rompe l'oraison

    Rien qui bute la raison

    Au vain souci de sa preuve

     

    Pourquoi fuir L'immensité

    Coïncide avec le centre

    Quand l'esprit a tout quitté

    Le coeur s'ouvre tout y rentre

     

    Coeur ciboire du soleil

    Calice du Dieu vermeil

     

    Pierre Emmanuel

     

     

  • Seigneur, faites-leur l'aumône

     

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    Seigneur, je suis dans le quartier des bons voleurs,

    des vagabonds, des va-nu-pieds, des recéleurs.

     

    Je pense aux deux larrons qui étaient avec vous

    à la potence,

     

    Je pense aussi aux musiciens des rues,

    au violoniste aveugle, au manchot qui tourne l'orgue

    de barbarie,

     

    je sais que ce sont eux qui chantent durant l'éternité.

     

    Seigneur, faites-leur l'aumône, autre que de la lueur

    des becs de gaz,

    Seigneur, faites-leur l'aumône de gros sous ici bas.

     

    Blaise Cendrars

     

     

  • Où le regard s'arrête

     

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    Toute fleur n'est que de la nuit

    qui feint de s'être rapprochée

     

    Toute couleur, toute vie

    naît d'où le regard s'arrête

     

    Ce monde n'est que la crête

    d'un invisible incendie

     

    Philippe Jaccottet

     


     

  • Une miette de l'infini

     

     

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    Chercheurs que le néant captive,

    Qui, dans l'ombre, avons en passant

    La curiosité chétive

    Du ciron pour le ver luisant,

     

    Poussière admirant la poussière,

    Nous poursuivons obstinément,

    Grains de cendre, un grain de lumière

    En fuite dans le firmament !

     

    Pendant que notre âme humble et lasse

    S'arrête au seuil du ciel béni,

    Et va becqueter dans l'espace

    Une miette de l'infini.

     

    Victor Hugo

     

     

  • Qui nous roulera la pierre ?

     

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    Qui nous roulera la pierre ?… Qui ?

     

    Pierre scellée de nos tombeaux

    tombeaux de nos habitudes

    tombeaux de nos idoles

    de nos jugements définitifs

    de nos idée arrêtées

    de nos peurs paralysantes…

     

    Mais aussi tombeaux de nos souffrances ensevelies

    de nos rancœurs et aigreurs

    de nos déceptions enfouies

    de nos échecs accumulés…

     

    Qui nous roulera la pierre… Qui ? 

    Car la pierre était fort grande…

    Le 1er jour de la semaine, de grand matin,

    les femmes vont au tombeau

    alors que le soleil se lève

    elles regardent : la pierre a été roulée…

     

    Le Soleil s’est levé

    le Soleil a surgi du tombeau

    le Soleil a surgi de tous nos tombeaux

    la pierre a été roulée :

    une brèche, une béance en tous nos murs

     

    en tous les murs de l’impossible

    en tous les murs de clôture

    en tous les murs de séparation

    en toutes nos forteresses…

     

    Chantal de La Forge

     

     

     

  • Ô mon coeur

     

    Ils te montrent la route

     

     

    Je suis un roi qui n'est pas sûr d'avoir du pain

    Sans pleurer  j'ai vu fuir mes rêves en déroute

    Mes rêves aux yeux doux au visage poupin

     

    Pour consoler ma gloire un vent a dit Ecoute

    Elève-toi toujours. Ils te montrent la route

    Les squelettes de doigts terminant les sapins

     

    Guillaume Apollinaire

     

     

     

     

     

  • Rencontres

     

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    J'avance en écrasant des ombres sur la route

    Et leur plainte et si faible

    Qu'elle a peine à me gravir

    Et s'éteint petitement avant de toucher mon oreille.

     

    Je croise des hommes tranquilles

    Qui connaissent la mer et vont vers les montagnes;

    Curieux, en passant, ils soupèsent mon âme

    Et me la restituent repartant sans mot dire.

     

    Jules Supervielle

     

     

  • Cet appel au loin

     

     

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    Il nous est arrivé des départs impérieux

    Depuis le premier jusqu'à n'en plus finir

    A perte de vue dans l'horizon renouvelé

    Qui n'est jamais que cet appel au loin

    Qui module le paysage

     

    Ou cette barrière escarpée

    Qui fouette la rage de notre curiosité

    Et ramasse en nous de son poids

    Le ressort de notre bond

     

    Saint-Denys-Garneau

     

     

  • Nos larmes ne parlent pas

     

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    Pourquoi donc pensons-nous et parlons-nous ? C'est drôle:

    nos larmes et nos baisers, eux, ne parlent pas

    et cependant nous les comprenons, et les pas

    d'un ami sont plus doux que de douces paroles.

     

    Francis Jammes

     

     

  • Je passe sans te reconnaître

     

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    Et moi qui cherche où tu peux être,

    Moi qui sais  que tu m'attends là,

    Je passe sans te reconnaître.

    Ton ombre se perd dans la nuit,

    Mais je la sens tout près de moi...

     

    Francis Carco

     

     

  • Les visages ont changé de visage

     

    Benjamin fondane

     

     

    Que de fois les visages ont changé de visage !

    Les hommes sont partis un à un par les portes

    par les fenêtres et par les cadres des photos.

    Un peu de moi se trouve en tous ces murs de brique.

    A ce vestiaire un peu de mon fantôme pend.

    Suis-je celui maintenant qui regarde en arrière ?

    Celui qui dans la nasse prend des poissons absents ?

    Toutes ces ombres - n'est-ce qu'en moi qu'elles perdurent ?

    Est-il possible, ô Dieu, que je ne fusse qu'un

    miroir usé, qui garde un peu de son étain

    pour les ombres futures ?

     

    Benjamin Fondane

     

     

      

  • L'immortel

     

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    C'est trop peu d'une vie.

    J'en demande une seconde.

    Merci, Dieu, j'y prends goût,

    j'en veux encore trois ou quatre. Ou dix !

    Un chiffre rond. Mais après tout,

     pourquoi ne pas être immortel ?

     

    Norge

     

     

  • Conversation

     

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    Comment ça va sur la terre ?

    - Ça va ça va, ça va bien.

    Les petits chiens sont-ils prospères ?

    - Mon Dieu oui merci bien.

    Et les nuages ?

    - Ça flotte.

    Et les volcans ?

    - Ça mijote.

    Et les fleuves ?

    - Ça s'écoule.

    Et le temps

    - Ça se déroule.

    Et votre âme ?

    - Elle est malade

    Le printemps était trop vert

    elle a mangé trop de salade.

     

     

    Jean Tardieu

     

     

     

     

     

  • La terre n'est à personne

     

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     La nuit, la terre n'est à personne,

    si ce n'est à des voix inhumaines.

    La sueur ne compte pas.

    Chaque arbre a, dans l'ombre, une sueur glacée

    et il n'y a plus qu'un champ,

    à personne et à tous.

     

    Cesare Pavese

     

  • Journal de l'air

     

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    On est là, en équilibre.

    La lumière est traversée

    d’ombres brèves. On reste encore

    pour l’espace, pour les branches,

    pour l’ombre bleue, pour le merle,

    pour les visages un instant

    dans le jour sans nom. Pour ce

    qui ne revient pas. On reste

    encore pour ce qui vient.

     

    Jacques Ancet

     

  • Au large

     

    Au large 1

     

     

    Comme la nuit est lointainement pleine

    De silencieuse infinité claire !

    Pas le moindre écho des gens de la terre,

    Sous la lune méditerranéenne !

     

    Et toi, là-bas, pot-au-feu, pauvre Terre !

    Avec tes essais de mettre en rubriques

    Tes reflets perdus du Grand Dynamique,

    Tu fais un métier ah!  bien sédentaire !

     

    Jules Laforgue

     

     

  • Décourageux

     

    Tristan corbiere 1

     

     

    Ce fut un vrai poète: Il n'avait pas de chant.

    Mort, il aimait le jour et dédaigna de geindre.

    Peintre: il aimait son art - Il oublia de peindre...

    Il voyait trop - Et voir est un aveuglement...

     

    Ne sommes-nous pas là , sans peintres, ni poètes !...

    Quel vitrier a peint !  quel aveugle a chanté !...

    Et quel vitrier chante en raclant sa palette,

    Ou quel aveugle a peint avec sa clarinette !

     

    Tristan Corbière

     

     

  • La voix

     

    Robert desnos3

     

     

    Une voix, une voix qui vient de si loin

    Qu'elle ne fait plus teinter les oreilles,

    Une voix, comme un tambour, voilée

    Parvient pourtant, distinctement, jusqu'à nous.

     

    Je l'écoute. Ce n'est qu'une voix humaine

    Qui traverse les fracas de la vie et les batailles,

    L'écroulement du tonnerre et le murmure des bavardages.

     

    Et vous ? ne l'entendez-vous pas ?

    Elle dit « La peine sera de peu de durée »

    Elle dit «  La belle saison est proche ».

     

    Ne l'entendez-vous pas ?

     

    Robert Desnos

     

     

  • Il est d'étranges soirs

     

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    Il est d'étranges soirs où les fleurs ont une âme,

    Où dans l'air énervé flotte du repentir,

    Où sur la vague lente et lourde d'un soupir

    Le coeur le plus secret aux lèvres vient mourir.

    Il est d'étranges soirs où les fleurs ont une âme...

     

    Albert Samain

     

  • Parfois Dieu passe

     

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    Parfois Dieu passe que précèdent

    des formes qu'on ne comprend pas

    plus que vos métaphores, prophètes

    des morts des ciels et d'ici-bas.

     

    Max Jacob

     

  • Il me faudra te quitter

     

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    Il me faudra ici te quitter ombre, frère,

    Je laisserai ces mots, ces chants inachevés.

    Le souffle est là tout près qui mélange les terres

    Et nos regards, nos mains et nos sommeils.

    Je vais sans savoir où. Et toi, aussi, ombre, pareille

    Au souvenir, oiseau qui dans l'air se dissout

    Le soir est là tel un vaisseau qui appareille

    Nous séparant de tout ce qu'une fois fut « nous ».

     

    Ilarie Voronca

     

  • Je vais loin dans le ciel

     

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    Je vais   je ne sais rien de ma vie    je vais

    Au bout de tout sans me soucier du temps qu'il fait

    Je vais loin dans le ciel et dans la nuit des temps

    Je marche les pieds nus comme un petit enfant..

     

    René-Guy Cadou

     

  • Je suis passé par là

     

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    Je suis passé par là

    Quelqu'un passe aussi par là maintenant, comme moi,

    Sans savoir où il va...

    Où vont les pas qui s'éloignent de moi et que j'entends

    Là-bas très loin...

     

    Pierre Reverdy

     

  • Au passant d'un soir

     

    Emile vehaeren

     

     

    Dites, quel est le pas des mille pas qui vont et passent sur les grand'routes de l'espace, dites, quel est le pas qui doucement, un soir, devant ma porte basse s'arrêtera ?

    Je saisirai les mains, dans mes deux mains tendues, à cet homme qui s'en viendra du bout du monde, avec son pas ; et devant 1'ombre et ses cent flammes suspendues là-haut, au firmament, nous nous tairons longtemps laissant agir le bienveillant silence pour apaiser l'émoi et la double cadence de nos deux coeurs battants...

     

     Emile Verhaeren

     

     

  • L'été dans l'herbe

     

     

    Poesiedesjours186 1

     

     

    Ce sera comme quand on rêve et qu'on s'éveille

    et que l'on se rendort et que l'on rêve encor

    de le même féerie et du même décor

    l'été dans l'herbe au bruit moiré d'un vol d'abeille..

     

    Paul Verlaine

     

     

  • Notre saison

     

     

    Poesiedesjours117 2

     

     

    Notre saison n'est que traversée de saisons

    c'est d'avoir vu les saisons passer

    qui fait que nos yeux très éphémères

    ne nous ont pas été vainement donnés..

                             

    Armand Robin

     

     

  • Mots si faibles

     

    Poesiedesjours145 1

     

     

    Des blancs silencieux, de très grands blancs...

    On voudrait se libérer du blanc,

    dire quelque chose avec tant de force

    que celà résonnerait comme un gong pendant des années...

    Mots si faibles, bas, aphones

    Parlez, parlez !

     

    J.M.G. Le Clézio

     

     

  • Au fond de mes yeux

     

    Poesiedesjours159 1

     

     

    C'était pourtant ma voix qui battait dans vos mains, comme une veine trop pleine du sang d'une parole...

    Que pouvais-je encore voir? Des champs sans fin où le blé incline une tête blonde ?

    Comment saurez-vous que ce fut moi et non pas toutes ces autres choses qui ont parlé par ma bouche quand je vous dis adieu ?

    Voici ces aspects humbles, ces souffrances: les nôtres; une fleur arrachée: mon regard.

    Vous seuls au fond de mes yeux...

     

    Ilarie Voronca

     

     

  • Vous m'avez regardé

     

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    Vous m'avez regardé avec toute votre âme.

    Vous m'avez regardé longtemps comme un ciel bleu.

    J'ai mis votre regard à l'ombre de mes yeux...

    Que ce regard était passionné et calme....

     

    Francis Jammes

     

  • L'étranger

     

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    Et qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?

     

    J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas...

    les merveilleux nuages !

     

    Charles Baudelaire

     

     

  • Franchir les limites

     

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    Je franchis continuellement les limites...

    Traverser les murs, crever les vitres,

    défoncer les tapisseries à fleurs, briser l'horizon en morceaux.

    Il est temps de sortir de l'éternelle chambre.

    Il est temps de trouver autre chose à dire,

    autre chose à penser, autre chose à voir...

     

    J.M.G. Le Clézio

     

  • Ce que tu vois est ailleurs

     

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    Oeil, tu es ici mais ce que tu vois est ailleurs.

    Oreille, tu es là aussi mais ce que tu entends vient de très loin,

    Sens, vous tous collés à mon corps,

    telles les étiquettes de gares innombrables sur une valise,

    le toucher contient plus de visages qu'un miroir.

     

     Ilarie Voronca

     

     

  • La feuille morte

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      Parmi toutes les feuilles tombées de novembre,

      il y a tout à coup une feuille qui a quelque chose à te dire.

      Tu la ramasses. Elle va parler.Tu l'écouteras tout à l'heure.

      Quand tout à l'heure est arrivé, la feuille a tout dit dans ta poche.

      Tu n'as rien entendu. Et la feuille est morte.

     

     Norge

     

  • Constellation des frères morts

     

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     Ô pluie d'étoiles dans les ténèbres, constellation des frères morts !

     

    Je vous dois mon plus noir silence, ma fermeté, mon indulgence

    pour tous ces jours qui semblent vides,

    ce qui me reste de fierté

    pour un brasier dans un désert.

     

    Mais que se fasse le silence sur les hautes figures de proue !

    L'ardent périple continue,

    le cap est de bonne espérance...

     

    A quand ton tour, à quand le mien ?

    Le cap est de bonne espérance.

     

    Victor Serge

     

     

  • La grande lumière

     

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    Toute poésie vient de la rencontre avec la beauté

    Toute ferveur vient de la vie dans la nudité

    Toute vie nue vient de la vacuité 

    Que ton poème soit comme l'aile du fou puissante et claire dans son essor

     portant le corps embrasé vers la grande lumière

     

    Kenneth White

     

     

  • Transhumances

     

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    Regarde les nouveaux pâturages du ciel

    pleins de sautes de vent avec ces longs appels

    que porte jusqu'en nous l'odeur des transhumances

     

    c'est une autre saison de l'âme qui commence

    les sonnailles du sang sur les chemins perdus annoncent la mauvaise fièvre 

    et l'aventure donne à l'herbe son goût de bonheur suspendu 


    il faut voir à travers nos larmes les plus dures

     

    Luc Estang

     

     

  • Perdre le midi quotidien

     

    Perdre le midi quotidien

     

     

     

    Perdre le midi quotidien,

    traverser des cours, des arches, des ponts;

    tenter les chemins bifurqués;

    m'essouffler aux marches, aux rampes, aux escalades....


     

    Victor Segalen