Quelque immense aurore

 

 A tous ceux qui rejoignent le ciel, en silence, jour après jour... que l'on n'oublie pas...

 

 

 Les meutes rugissantes

 

 

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,

Des yeux sans nombre ont vu l'aurore ;

Ils dorment au fond des tombeaux,

Et le soleil se lève encore.

 

Oh ! qu'ils aient perdu le regard,

Non, non, celà n'est pas possible !

Ils se sont tournés quelque part

Vers ce qu'on nomme l'invisible ;

 

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,

Ouverts à quelque immense aurore,

De l'autre côté des tombeaux

Les yeux qu'on ferme voient encore.

 

Armand Sully Prudhomme