Jean Malrieu

 

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Jean Malrieu se voulait simple pour aller à la quintessence, vers l’essentiel, avec la rigueur de l’instituteur et du militant politique. La révolution et la poésie ne supportent point la nonchalance et le relâchement pour les véritables militants et de l’une et de l’autre. Il s’était donné une indépassable ligne d’horizon : "Je veux me perdre dans l’absolu de l’amour."

Jean Malrieu était né à Montauban le 29 août 1915. Ses parents étaient originaires de Bourret dans le Tarn et Garonne et toujours les reflets du soleil sur les fleuves seront ses étoiles intérieures. Il mourra à l’aube du 24 avril 1976 à l’hôpital de Montauban, terrassé par une piqûre de tique non détectée, lui l’amant empressé de la nature et qui « mordait le soleil ».

Il fut un compagnon de route des surréalistes et aussi des Lettres Françaises. Mais surtout un homme tourné vers les autres, obsédé par le social et la condition humaine, la fraternité. Pour lui ce mot, maintenant presque obscène, de « peuple" » avait un sens. Ainsi que l’éducation populaire semble disparue corps et biens aujourd’hui. C’était un homme tout simplement.

Autant que poète il voulait être notre frère. Il reste nécessaire et précieux. Un peu plus d'espace dans la forêt des mots. On va vers la poésie de Malrieu comme à l’amitié. Simplement pour tenter de mieux vivre. 

Jean Malrieu voulait simplement ceci : « Je voudrais tant aider à vivre ». Homme du Sud, homme d’Oc (on n’est pas ami de Castan et de Puel sans ces racines fortes), il voulait déployer la lumière, il s'est noyé « dans le fracas de la lumière »...

Gil Pressnitzer

 

"Si jamais, quand je serai mort, allumant ta lampe, tu vois la mer assise dans la chambre, si jamais, quand soufflera le vent dans les ruelles, tu entends mon pas s'arrêter à ta mémoire, tu sauras combien je t'aime de par le monde désolé pour avoir demandé à ceux que nous aimions de te parler de moi..."

"Je suis devant toi comme un enfant, plein de pluie et de ravage... Je t'écris pour alléger le temps. Cette page que je griffonne est un miroir. D'elle va surgir un destin inattendu. Car ma lutte contre le temps est ancienne. Que je lise à l'envers, à l'endroit, l'inquiétude est éclairée Je n'y peux rien. Les années passent, me révèlent. Mon visage s'affirme sous la pluie fine des jours qui vient vers nous sur ses milliers, de pas agiles. J'écris pour être avec toi dans la paille douce et chaude de la vie."


Jean Malrieu