Jacques Ancet

 

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Jacques Ancet est un poète et traducteur français né le 14 juillet 1942 à Lyon. “Lecteur” de français à l’Université de Séville, puis agrégé d’espagnol. enseigné pendant plus de trente dans les classes préparatoires aux Grandes Écoles littéraires et commerciales avant de se consacrer à son travail d’écrivain et de traducteur près d’Annecy où il réside.

La poésie de Jacques Ancet semble s’inscrire dans un battement de mots, un clignotement des jours. Elle est tapissée de signes invisibles. Les êtres et les choses sont nommés et non possédés. L’attitude à avoir devant ces textes est simple: on se tait et on écoute. On la regarde luire belle et fragile. La poésie de Jacques Ancet ne dit pas, elle résonne. Elle va vers l’envers invisible.

Point de larmes affleurantes, mais en prêtant l'oreille sur les vitres des mots, des sanglots étouffés sont derrière les portes. Le froissement de nos instants peut s'entendre dans chaque mot. Élégie des premières neiges de l'enfance et du combat incessant entre la vie et la mort, ce que l'on ressent immédiatement à la lecture est une présence. On ne la voit pas, elle bouge imperceptiblement dans le lit du fleuve du poème.

Secrète est sa poésie, comme lui. Le quotidien, « le vertige du quotidien », devient la terre natale du poème. Jacques Ancet semble un mélancolique glaneur ramassant les blés oubliés de toutes nos vies...

Gil Pressnitzer

 

J'écoute. Une route au soleil. Un espace plus vaste avec le bruit des feuilles poussées par le vent. De temps à autre, une voiture. Puis un silence relatif. Où se logent des prés, des maisons, des montagnes. Que chercher d'autre que ce présent ? Une touffe de lavandes sèches, un cerisier à peine jauni, un parking. Des cris d'enfants disent la vie. Je ferme les yeux. Sur la peau, une légère chaleur. Un souffle. Une attente qui n'attend rien.

Retrouver une vieille habitude empêche-t-il d'être perdu ? Assis à la même place -- mais il n'y a jamais de même place --, je laisse le paysage (couleurs, ombres et lumières, mouvements) me traverser les yeux. Les bruits du jour, les images s'éloignent. N'en reste qu'une trace mouvante, très longue à s'effacer. Ensuite, c'est un suspens. Entre quoi et quoi, comment le dire ? Ensuite, comme une entrée dans le sommeil. À ce moment précis, une vague étincelante me submerge et tout rentre dans l'ordre.

J'ai cessé d'être perdu et plus rien ne m'arrive...

Jacques Ancet