Gérald Neveu

 

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La poésie c’est de sortir de soi pour y faire entrer les autres ...

Souvent Gérald Neveu nous aura dit et répété cette maxime dans les longues nuits pleines de sel et de brume de Marseille. Il disait aussi que "rêver, c’est rencontrer les autres au fond de soi-même"...

Il traînait dans cette ville, petit employé fonctionnaire employé aux PTT, et après ses longues divagations sur les trottoirs de la ville, il rentrait chez lui ou ailleurs, pour mettre sur le papier ses fins de jours. Il s’usait vite et le dernier jour de février 1960, il s’est retiré de ce monde, place Dauphine à Paris. C’était la seule fois qu’il avait quitté Marseille. 

" Je n'appelle pas au secours", dit-il dans une lettre, "je n'appelle plus au secours". Il faudrait revenir en arrière, dans le temps, prendre ma cervelle enfantine et lui apprendre pour la première fois l'alphabet. Ne le voyez-vous pas, ce cancer qui me détruit, ce manque, ce vide terriblement concret en ce qui me concerne. Le développement élémentaire d'un individu ne peut se passer de cet appui fondamental : l'exercice de la tendresse "...  

Gil Pressnitzer

 

" Et ceux-là qui ouvraient de grandes bouches pour rire pâliront et souffriront Ils ne sauront pas encore ce que c’est que la faim — non bien sûr — mais ils diront Peut-être a-t-il faim Alors on répétera dans les cercles de famille Peut-être a-t-il faim On dira A-t-il faim en se serrant un peu davantage au coin du feu ON DIRA on dira Il faudrait peut-être crier pour l’effrayer ou mettre des jattes de lait devant la porte pour l’apaiser Mais celui qui le premier aura vu mon visage oh alors celui-là dira des choses incompréhensibles Il sera bête il aura envie de s’asseoir au soleil et de baver"... 

 

Gérald Neveu